Le monde à la rencontre du Saint Sacrement.
Le 53ème Congrès Eucharistique International se tiendra en cette année 2024, du 8 au 15 septembre à Quito, la capitale de l’Equateur. Son thème sera :
« Fraternité pour guérir le monde. Vous êtes tous frères et sœurs (Mt 23.8). »
En France métropolitaine, nous avons connu à trois reprises une telle rencontre. Les trois eurent lieu à Lourdes, en 1899 pour le 12ème congrès, en 1914 pour le 25ème et en 1981 pour le 42ème.
La raison d’être des Congrès Eucharistiques.
La lecture, de divers documents relatifs aux congres, de la fin du 19ème siècle et du début 20ème, nous conduit à noter, déjà, la volonté de l’Eglise d’aller vers une expression religieuse plus ouverte,face aux réalités de l’époque. N’oublions pas que nous sommes dans cette période au cours de laquelle certains partis politiques, les francs-maçons, les libres-penseurs et autres ennemis de la foi catholique, s’acharnent contre elle. A la lumière d’un amour divin et à la volonté d’une fraternité universelle, ils opposent l’obscurantisme, le vide et le néant. L’Eglise se doit non de réagir, mais de s’affirmer. La création, la répétition et la pérennité des congrès eucharistiques expriment cette affirmation. En cette fin de XIXème siècle, l’église de France est dans la tourmente et sous étroite surveillance. Exemple. A l’approche du congrès de Toulouse, en 1886, René Goblet, Ministre de l’Intérieur et des Culte, s’adresse à Mgr Desprez. Il a, dit-il, découvert, par un document émanant de l’évêché, l’annonce de la tenue prochaine à Toulouse « d’une réunion d’ecclésiastiques qualifiée de concile », ce que la loi interdit. Le prélat répond qu’au vu du fac-similé du fameux document, que le ministère lui adresse, « il s’agit là, de l ‘œuvre d’un faussaire ». Pas de réponse du ministère. Le congrès s’ouvre à la date fixée et ses travaux produisent les fruits attendus. Depuis le premier congrès, à Lille en 1881, jusqu’à celui de 1899 et de 1914, à Lourdes, ces rassemblements « d’ecclésiastiques, d’hommes et de femmes de bonne volonté », furent, avant, pendant et après leur déroulement victimes d’écrits et de propos indignes, issus d’une opposition à une religion qui prônait « le rôle social et universel du Christ » dans une société, que certains auraient souhaitée, assujettie à leur conception hiérarchisée des classes, où celles d’en bas seraient à la merci de celles d’en haut. Le thème du XXVème congrès, à Lourdes en 1914, « Le règne de Jésus Christ sur la société dans l’Eucharistie », après les nouvelles lois de 1905, soulignera une nouvelle fois ce besoin pour l’homme de reconnaitre « que plutôt que d’étancher sa soif dans des citernes desséchées, il sache qu’il y a dans l’Eglise une eau vive, abondante et régénératrice, la foi ». Le cardinal de Cabrières, archevêque de Montpellier disait dans une de ses interventions : « L’Eucharistie est la lumière et la force dont nous avons besoin. L’individu les reçoit dans son cœur parce que c’est là qu’il a besoin d’être réconforté et renouvelé. L’Eucharistie est de même un principe de salut pour la société. » Les signes bienfaisants émanant de ces congrès sont tangibles. Il suffit pour s’en convaincre de relever les mentions qui égrènent les comptes rendus de ces rassemblements hors du commun. Les auteurs y expriment leur ressenti. Pour eux, les congrès « raniment la foi et la piété eucharistique ». Pendant les travaux « on y parle et on pense eucharistie. On y étudie, on y prêche, on y explique l’eucharistie. » De ces rencontres, « il en sort des prêtres réconfortés et plus zélés, des hommes d’œuvres plus motivés. » Les congressistes, de retour dans leur diocèse de France ou de l’étranger, deviennent les relais d’un renouveau à partager entre frères d’une même foi. Fidèles à la volonté de voir s’appliquer les souhaits des deux pontifes présents, Léon XIII en 1899 et Pie X en 1914, sur le trône de Saint Pierre, ces apôtres d’un genre nouveau s’emploient à réaliser au mieux leur mission. Se retrouver périodiquement, pour découvrir, étudier, échanger, sur les encycliques et autres documents pontificaux, sur les expériences et pratiques existantes dans les autres paroisses, diocèses, institutions, pays et cultures, c’est l’objet même des congrès. Voilà donc le pourquoi de ces évènements marquants dans l’histoire de l’Eglise catholique, apostolique et romaine. Ils se succèdent depuis cent quarante ans au grès des soubresauts d’une autre histoire, celle d’une humanité prise de vertiges dans un monde de plus en plus sans repères. Le but premier de ces rassemblements est de rappeler que Jésus-Hostie, c’est la communion et que la communion c’est « un pain rompu pour un monde nouveau », thème du dernier congrès qui, en 1981, s’est tenu, lui aussi, à Lourdes. Congrès non abordé dans la présente rédaction.
N.B. Le 12ème Congrès Eucharistique International, s’est tenu à Lourdes du 7 au 11 août 1899. Préparé par Mgr Prosper Marie Billére, évêque de Tarbes et Mgr Victor Doutreloux, prélat belge, président du Comité, il fut présidé par le cardinal Benoit Langénieux, archevêque de Reims, légat pontifical. Thème du congrès : « Moyens pour développer la dévotion au St Sacrement, l’Eucharistie et les malades. » Le 25ème congrès eucharistique international, s’est tenu à Lourdes du 22 au 26 juillet 1914. Préparé par Mgr François Xavier Shoepfer, évêque de Tarbes et Lourdes, il fut présidé par S.E. le cardinal Granito Pignatelli di Belmonte. Thème du congrès : « Le règne de Jésus Christ sur la société dans l’Eucharistie. »
Pierre REBOULIN.