Une histoire de regards : L’Evangile d’aujourd’hui commence par le regard de Jean-Baptiste posé sur Jésus et se termine par le regard de Jésus posé sur Pierre. Jean-Baptiste regarde Jésus et le présente aux disciples comme l’Agneau de Dieu. Ce sont des paroles qui résonnent pour le peuple juif de l’époque. L’Agneau pascal, l’agneau immolé, signe de l’alliance de Dieu avec les hommes. Jésus est le signe de la nouvelle alliance, Jean-Baptiste le révèle déjà. Mais cette nouvelle alliance, pour être annoncée et accueillie pleinement suppose un déplacement, une mise en route, dans la confiance. C’est exactement ce que font ces disciples. Jean-Baptiste, par son regard posé sur Jésus et par les mots qu’il a prononcés, a permis qu’ils se mettent en marche, à sa suite. De la même manière, à la fin du texte, Jésus pose son regard sur Simon. Et il prononce les paroles qui le mettront en route. Simon, tu t’appelleras Pierre. Le regard de Jésus enveloppe Simon dans son intégralité, dans son humanité fragile. Jésus par ces paroles appelle Pierre à la mission, avec ses forces et ses faiblesses. Et nous verrons plus tard Pierre capable de proclamer sans crainte sa foi en Jésus, mais aussi capable de le renier. Jésus connait en profondeur chaque être qu’il appelle, il sait tout de lui, il accueille tout.
D’où l’importance du regard que je pose sur mon prochain, l’importance de mettre dans ce regard le regard de Dieu, la miséricorde, l’amour, la reconnaissance de l’autre dans son intégralité. Seigneur, viens habiter mon regard, pour que je ne sois pas juge mais tendresse. Pour que par ce regard, mon prochain puisse grandir et ressentir ton amour.
Importance aussi d’accueillir le regard de Dieu pour soi. Dans le silence, dans la prière, laissons-nous traverser par le regard de Dieu. Qui que tu sois, il t’aime, il t’appelle, il t’invite à la mission. Ce regard reçu comme un don, une grâce, change la vie. « N’aie pas peur, laisse toi regarder par le Christ, laisse toi regarder, car il t’aime ».
A la suite de Jean le Baptiste, qui a reconnu en Jésus le Messie attendu et qui en témoigne, deux de ses disciples cherchent à rencontrer Jésus en profondeur; ils passent du temps en sa présence. Puis convaincu, l’un d’eux, André va témoigner de sa découverte auprès de son frère Pierre. Pierre va, à son tour, rencontrer Jésus et être touché par le regard de ce dernier. Le contact entre Jésus et Pierre est si fort que Jésus lui change le nom, signe d’un changement de cap dans sa vie.
Je fais aisément le parallèle avec ma vie. Quelqu’un m’a parlé de Jésus, j’ai cherché à mieux le connaître par l’étude de la parole et à entrer en relation dans la prière et les sacrements ce qui fortifie ma confiance et me pousse au témoignage pour que d’autres s’ouvrent à ce chemin.
Pour les Juifs de l’époque, dire que Jésus est l’agneau de Dieu signifiait qu’il est le Messie attendu, il est celui dont le sang, porteur de la vie qui appartient à Dieu, a déjà sauvé les Hébreux de l’esclavage en Egypte, c’est aussi celui, qui selon Isaïe est un serviteur souffrant envoyé par Dieu pour libérer son peuple et qui réussira…
« Venez et vous verrez » Je suis touchée par cette attitude respectueuse de notre liberté de Jésus. Jésus, humblement, se laisse approcher pour que nous fassions l’expérience de sa présence.
Martine Vercambre
Le texte de l’ancien testament proposé ce dimanche interpelle : le Seigneur appelle, Samuel répond : »Me voici » ; devant l’insistance de l’appel, il répond, comme le lui a appris Eli « Parle, ton serviteur écoute». Ecouter l’appel, écouter la Parole est premier.
Jésus, dans ce passage de Jean, va et vient, il est présent au milieu des hommes, image puissante d’un Dieu qui m’offre de vivre en liberté, de le chercher ou pas, de le suivre ou pas.
Jean Baptiste, André et son ami, Simon me font penser à ces coureurs de course de relais, ils sont ces témoins qui se succèdent ; ils ne forment pas un réseau, un entre-soi qui risque d’emprisonner.
Jésus se retourne pour demander : »Que cherchez-vous? »Dieu se retourne vers nous d’abord, c’est lui qui nous invite et nous permet de changer…au point même pour Pierre de changer de nom!
Cette écoute de la Parole, ces appels à être des témoins, que nous sachions les vivre dans l’unité, avec tous ceux qui croient que Jésus est « l’Agneau de Dieu», tous que nous soyons protestants, orthodoxes, catholiques libéraux ou intégristes.
Dieu nous appelle encore et toujours, saurons-nous reconnaître sa voix ? Oserons-nous être des témoins comme Jean-Baptiste qui montre le Christ, lui qui est » le Chemin, la Vérité, la Vie « . Dans cet évangile, tout commence par un regard, celui que Jean-Baptiste pose sur Jésus. Il rend le même témoignage que celui qu’il avait donné la veille » Voici, l’Agneau de Dieu…. « . L’attitude de Jean-Baptiste est celle de celui qui propose de dire sa foi et incite ses disciples à se mettre en route. Arrêtons-nous sur ce terme « Agneau de Dieu » car pour les Juifs férus d’Ancien Testament ce mot pouvait prendre plusieurs significations. Tout d’abord, l’agneau pascal, le rite de la Pâque célébré chaque année en mémoire de la sortie d’Egypte d’où Dieu avait libéré son peuple de l’esclavage. Ensuite, le mot Agneau faisait penser au Messie dont avait parlé le prophète Isaïe qui le nommait Serviteur, celui qui avait subi la persécution et la mort, reconnu comme le sauveur de l’humanité : image de Jésus (Is 52,13 et Is 53,7). Enfin, l’évocation de l’agneau suggérait l’histoire d’Isaac, fils bien aimé d’Abraham que celui-ci avait décidé d’offrir en holocauste et que la main du Seigneur a arrêté , Dieu ayant désigné un bélier à sa place.
» Que cherchez-vous ? » Parole prononcée par Jésus qui s’adresse à ses disciples. C’est l’histoire de toute vocation, notre histoire. Pour la plupart d’entre nous, ce sont nos parents qui ont fait le choix à notre naissance de nous faire baptiser, catéchiser. Adultes nous avons décidé de suivre le Christ, un engagement qui exige fidélité, un oui que nous devons sans cesse prononcer. Conscients que nous ne sommes pas toujours ni attentifs, ni réceptifs aux appels du Seigneur…que notre foi est un trésor que nous portons dans un vase d’argile et que malgré tout nous devons transmettre à nos frères ! Comme les disciples confiants dans la parole de Jean-Baptiste ont décidé d’aller plus loin, nous devons nous aussi nourrir et approfondir notre foi afin d’en témoigner avec davantage d’assurance aussi bien par la parole que par notre comportement au quotidien. En cette période de pandémie en perte de repères, de contacts, certains de nos contemporains s’interrogent sur le sens à donner à leur vie. Trouveront-ils des personnes qui leur témoigneront de la foi qui les fait vivre ?
» Rabbi, où demeures-tu ? » Cette question ouvre au dialogue, à la rencontre, exprime le désir de découvrir Jésus, son message et pourquoi pas de devenir ses disciples. La réponse, ils la recevront au long des mois passés auprès de lui, principalement au cours du dernier repas lorsque Jésus fraternellement leur dira : » Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimé ; demeurez dans mon amour. Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour. Tout comme moi, en gardant les commandements de mon Père, je demeure dans son amour. «
» Venez et vous verrez. » Ce sont les réalités que l’on découvre en cheminant avec Jésus le cœur ouvert, par l’écoute de la Parole, la fréquentation des sacrements qui transforment notre existence. Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et l’un d’entre eux amena son frère à Jésus et tous les cinq à partir de ce jour, ne se sont plus quittés.