partage d’évangile du dimanche 9 mai, « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 9-17)

Dans ces textes aujourd’hui je retiens 2 mots. L’amour et la joie. L’amour est premier, il est don du Père, il passe par le Fils et vient nous irradier. Recevons-le comme un cadeau, qui nous permettra d’aimer à notre tour. C’est une source féconde qui se transmet indéfiniment dans le temps et dans l’espace.
 « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. » Cette joie est aussi don de Dieu, une joie profonde, qu’aucun aléa de la vie ne pourra altérer, même s’il est parfois humainement impossible d’en garder conscience. « Je vous appelle mes amis » dit le Seigneur, un ami présent à nos côtés, un ami qui nous soutient dans les tempêtes, une présence qui n’a pas de prix et que nous ne pouvons mesurer avec nos petites vues humaines. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi,  c’est moi qui vous ai choisis et envoyés. » Voilà une phrase qui nous montre l’attachement du Seigneur pour chacun de nous, « oui, tu as du prix à mes yeux et je t’aime ». C’est aussi une phrase qui nous empêche de trop nous enorgueillir : Nous voulons trop souvent tout maîtriser, tout connaître, tout comprendre. Et quand tout va bien, quand tout roule, la tentation est grande de vouloir se passer de Dieu, de vouloir vivre sans lui. N’était ce pas déjà la tentation d’Adam et Eve, à laquelle ils ont vite succombé ?  Mais le Seigneur nous le rappelle sans cesse, il nous fait don de son amour, par cet amour il nous met en relation avec lui-même et avec nos frères et par cet amour il met en nos cœurs la vraie joie, celle qui ne disparaîtra jamais. Restons connectés par cet amour qui nous est donné et rendons grâce sans cesse.

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour…en vous aimant les uns, les autres,…  pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie…. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis… » Tout est dit: C’est en aimant mes frères que je fais l’expérience d’une vie d’amour, de confiance, de vérité. Je découvre que l’amour ne vient pas de moi, qu’il m’est donné, qu’il me traverse et m’apporte la joie, l’équilibre. Par bonheur, j’ai appris à rencontrer Jésus, lui qui a aimé parfaitement tout homme. Par Lui, j’ai découvert que cet amour vient du Père, qu’il lui a été donné pour être redonné à nous tous.
« C’est moi qui vous ai choisis afin que vous partiez et donniez du fruit…Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous l’accordera… » Jésus dit qu’il a choisi ses disciples et non l’inverse. Oui, l’amour est premier, je ne peux pas aimer si je ne suis pas aimée…
Et pour moi aujourd’hui? Comment demeurer dans son amour pour pouvoir aimer mes frères? Pratiquer chaque jour la Parole pour qu’elle devienne socle sur lequel je base mes actions. Que cette Parole teinte toute ma vie. Or, c’est très facile, pour moi de prendre la clé des champs…La fidélité à la prière, à l’étude de la parole est essentielle pour que la présence du Christ en moi m’aide à chaque instant à mieux être attentive et aimer mes frères.  Et l’amour du Christ, pour moi aujourd’hui, passe aussi par l’amour qui m’est donné par mes frères…
Martine Vercambre

Depuis plusieurs dimanches, les textes proposés nous préparent à la venue du St Esprit à Pentecôte, mais aussi  à  l’universalité du message avec l’annonce de la Bonne Nouvelle aux païens. Ce passage d’évangile  fait référence à l’amour et à la joie procurée par le  don de soi. Des mots-clés reviennent plusieurs  fois, tout d’abord le verbe demeurer et lié à lui, l’amour. Demeurer dans l’amour de Jésus (la semaine dernière St Jean avait pris l’image de la vigne), comme Jésus demeure dans l’amour du Père. il y a une réciprocité de relation d’amour entre eux. Cet amour totalement gratuit qui les unit, c’est le St Esprit. En substance, St Bernard écrivait : « C’est le Père qui donne un baiser, le fils qui le reçoit, le baiser c’est le St Esprit. « 
 » Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » Jésus crée le lien de fraternité avec le  Père et la communion entre les hommes. Nous sommes  chacun en fonction de notre charisme collaborateur de l’avènement du royaume de Dieu. Dans ce passage, Jésus emploie le terme d’ami. La vocation des amis du Christ est de répondre à l’amitié première de Dieu par leur engagement. Le Pape François dans sa dernière encyclique  « Fratelli Tutti « , au N° 6, appelle à envisager   » un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots.  » D’où la phrase fondatrice de ce passage d’évangile : mon commandement le voici :  » Aimez-vous les uns les autres, comme  je vous ai aimés.  » Comment commander d’aimer ? Quel paradoxe dans notre société et combien ce mot est galvaudé ! En réalité, l’amour est un don de Dieu… Quelle nouveauté dans ce commandement donné à Moïse ? (Deutéronome 6,5  » Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et  ton prochain comme toi-même.  » La loi est exigeante ; or Jésus nous a aimés plus que lui-même, il a souffert la passion, la mort en croix pour nous sauver, il a donné sa vie pour nous. Une telle mesure d’amour est inouïe ! Suivre le Christ, c’est accepter non seulement de donner, mais de se donner sans mesure.  « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Le mot à retenir est la joie  que nous promet le Seigneur :  » Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » La vraie joie qui  relève du don total de soi vient de Dieu et ne peut nous être retirée. De nombreux exemples nous sont fournis par  la vie des saints. Entièrement remis à la volonté du Père, en vivant une réelle fraternité avec nos frères, nous porterons du fruit. Les prières que nous adresserons au Père, portées par le Fils  seront exaucées.
Je terminerai en citant le théologien Robert Cheaib :  » « L’amour est imprévisible et constitue toujours une surprise. » Quand le commandement de l’amour oriente une vie, on la réussit et on contribue à faire réussir celle des autres. « 

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » « comme » est important : Jésus donne sans compter son amour à tous ceux qu’il rencontre jusqu’à donner sa propre vie. En ces temps où indifférence, repli sur soi, violence, haine, mots qui divisent sont devenus si présents, même dans notre Eglise les paroles de Jésus paraissent d’un autre monde ; pourtant Dieu a voulu que Jésus vienne donner chair à l’amour, la douceur, la paix. Alors aujourd’hui prenons notre part à construire cet amour, chacun dans notre plus humble quotidien, ce sera alors une joie parfaite que Dieu nous offre. Son amitié Jésus l’offre à tous à Corneille, le païen, occupant romain, à ceux qui sont les « fidèles » comme à ceux qui sont « hors les clous ». Quel mystère d’Amour infini et de joie, nous avons à vivre, malgré les épreuves et le faire connaitre.

Le chapitre 10 des actes des apôtres est magnifique. Par contre le découpage en petits morceaux  pour  les besoins de la liturgie ne favorise pas  sa compréhension, c’est dommage. En fait Pierre et Corneille sont sur la même longueur d’onde sans le savoir, et pourtant tout les oppose. Pierre est l’apôtre du Christ, juif, circoncis, et Corneille est centurion de l’armée romaine, non juif, incirconcis, ils ne se fréquentent pas. Animés de visions l’un et l’autre, vision de corneille d’abord Ac10, 3-8 , puis celle de Pierre Ac10,11-16 , l’Esprit Saint travaille en eux un désir fou de se rencontrer et de se connaître . Ce qui était inconcevable  et interdit jusqu’alors va se réaliser. Et c’est le moment inouï de la rencontre : « Comme Pierre arrivait à Césarée  chez Corneille, celui-ci vint à sa rencontre  , et, tombant à ses pieds ,il se prosterna « Ac10,25 . D’un seul coup toutes nos différences s’écroulent  et tombent à  terre,   différences  sociales, religieuses, familiales, culturelles… et vient
alors le temps de l’échange : « Dieu vient de me faire comprendre … Je me rends compte que Dieu est impartial …10,34. Formidable échange  où l’un comme l’autre se livre  au plus intime de ce qui le fait vivre et de Celui qui le fait  vivre.
1) Aujourd’hui même le Christ nous invite donc à aller à la rencontre de tous nos frères sans exception et surtout de nous débarrasser de tout préjugé, de tout apriori , de tout prosélytisme ,  véritables freins à toute rencontre .
2) Aujourd’hui même le Christ nous dit et redit d’aimer, dimanche après dimanche ses appels
sont incessants : « Aimez vous les uns les autres comme…Demeurez dans mon amour  Jn15,9 ,
n’aimez pas en paroles , ni en discours , mais par des actes  1Jn3,18 . »
3) Aujourd’hui même, comme Pierre et Corneille nous sommes alors sans le savoir sur la même
longueur d’onde : Jésus Christ Ressuscité Vainqueur de la mort par Amour. « Demeurez dans mon Amour « Jn15, 9.
Jean-Pierre Ricome