partage d’évangile du dimanche 21 février, « Jésus fut tenté par Satan, et les anges le servaient » (Mc 1, 12-15)

L’évangile de ce premier dimanche de carême est bref et pourtant riche de signes et de symboles. Il s’articule en trois temps, précédés par le baptême de Jésus. Ce baptême, c’est la source, c’est l’origine.
Tout d’abord, Jésus part au désert. Le désert, dans l’histoire biblique, est le lieu de la rencontre avec Dieu. Dans ce désert apparaissent Satan et la tentation, tandis que les anges (manifestation de Dieu ?) sont aussi présents. Ainsi dans le désert cohabitent les forces du mal et les forces du bien, les forces de mort et les forces de vie. Le désert, lieu du combat spirituel, n’est-il pas caché au fond de notre cœur, dans l’intimité de notre être ? Avec Jésus, les forces du bien vont l’emporter. Ne perdons pas de vue ce qui a précédé le combat, le baptême reçu, force de vie capable de vaincre les forces de mort.
Au cœur de ce texte nous est signalée l’arrestation de Jean, comme un fait divers. Or celle-ci, bien plus qu’un fait divers est un élément charnière. Par cette arrestation, c’est le dernier prophète de l’Ancien Testament qui fait place à Jésus, le nouveau prophète. L’Ancien Testament ouvre la porte au Nouveau Testament, l’Ancienne Alliance fait place à la Nouvelle.
Jésus peut quitter le désert, et c’est le troisième temps de ce texte. Il peut se mettre en route, parcourir les routes de Galilée, annoncer la Bonne Nouvelle. Il invite à la conversion, il permet d’accueillir la nouvelle alliance.
A quoi m’invite ce texte, aujourd’hui ? Tout d’abord à prendre conscience de la grâce reçue par mon baptême, de la force vivante en moi, à entretenir et à nourrir. Ensuite de la nécessité d’aller au désert, prendre le temps de discerner les forces du mal et les forces du bien, prier pour que je puisse choisir les forces de vie, et puis revenir au monde, à la mission, rejoindre l’humanité à travers les personnes qui me sont envoyées et témoigner de la joie que le Seigneur a déposée en moi !

A son baptême, Jésus fut « inondé » par l’Esprit: présence, intelligence, clairvoyance, force, Vie, amour du Père …  « En toi, j’ai mis tout mon amour »
Puis, l’Esprit le pousse immédiatement au désert, un temps de prière solitaire.
40 jours, un temps symbolique: Jésus prend le temps nécessaire pour bien faire le « passage » d’un homme « naturel » à l’homme relié intimement à Dieu afin de ne pas dévier de la mission reçue, de se laisser traverser parfaitement par l’amour du Père à destination de tous les hommes. Jésus prend des résolutions de vie qui sont exprimées chez Matthieu et Luc, mais pas ici, chez Marc.
Il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient.
Pour moi, c’est moins un rappel de l’éden sans violence, c’est plutôt une belle image exprimant la lutte intérieure entre l’homme « naturel » au milieu du monde un peu sauvage…et l’homme qui travaille avec Dieu exprimé par les anges…Dans la prière tout s’invite, le bien et le mal, et Jésus doit choisir sa route…
Ce passage des tentations rejoint mon expérience de vie avec le Christ. Quand j’ai opté pour essayer de suivre le Christ dans ma vie, j’ai effectivement pris dans la méditation, des décisions de conduite à suivre. Les tentations sont présentes tout au long de la vie, mais ma vie est bornée dans mon esprit, par des limites claires de comportements à exclure car toxiques, rejet du mensonge, de la domination, de la manipulation…
Martine Vercambre

Le premier dimanche de carême nous entraîne au désert des tentations. L’évangile de St Marc demeure très discret sur la nature des tentations… le combat contre les forces du mal n’est-il pas différent pour chacun d’entre nous ? Ainsi en va-t-il de notre liberté et de notre responsabilité ! Notre attention est focalisée sur le combat que le Christ mène au début de sa vie publique.
 » Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt, l’Esprit le pousse au désert, il  resta 40 jours….. » Les 40 jours sont une figure des 40 ans vécus par le peuple hébreu après la libération d’Egypte. Comme Jésus, cela a lieu après son baptême qui symbolise le passage de la  Mer Rouge.  Le temps du désert est celui de l’alliance, de la rencontre avec Dieu, celui aussi de la tentation. Un temps où Dieu a donné à son peuple le temps d’expérimenter la liberté. Jésus revit l’histoire de son peuple. Le Carême est aussi un temps de désert pour tous les baptisés. Un temps qui nous rappelle qu’en toute liberté nous avons à faire alliance avec Dieu et à faire face aux tentations du monde.
 » Jésus vivait parmi les bêtes sauvages…. » C’est la nouvelle création annoncée par le prophète Isaïe (chap.11) : Le loup habitera avec l’agneau… le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra…..Il ne se fera ni mal, ni destruction sur la montagne sainte.
 » Jésus, tenté par Satan  » Tout au long de son ministère public, Jésus  est resté fidèle à la volonté de son Père,  ce qui l’a conduit à accepter la passion et la mort sur la croix  : Père, écarte de moi cette coupe, pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! (Mc 14,34-36) Il a affronté l’incompréhension de sa famille qui pense  qu’il a perdu la raison , la pression de ses disciples;  en particulier de Pierre qui n’acceptait pas  que Jésus soit mis à mort et à qui il  a déclaré  « Retire-toi ! Derrière moi, Satan, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes »  (Mc 8,33). Il s’est heurté aux autorités religieuses. Résister à la tentation  du peuple qui voulait le faire roi et renoncer à ses ambitions personnelles…..
 » Convertissez-vous et croyez à l’évangile. » Phrase prononcée par le prêtre qui impose les cendres. Nous avons vécu cette semaine la cérémonie d’entrée en Carême, cette période où nous préparons notre cœur aux fêtes pascales. Que signifie le Carême pour moi ? Quels changements va t-il engendrer dans ma vie spirituelle ? Dans quel état d’esprit suis-je ? Un grand danger serait de se décourager, du style : à quoi bon prendre de bonnes résolutions que j’ai du mal à accomplir. Ne soyons pas des blasés de l’amour de notre Père ! Dieu nous aime, il attend le retour de l’enfant prodigue Il nous a envoyé son fils qui a donné sa vie pour nous sauver. Saisissons le sens profond du Carême, il ne s’agit pas de se priver d’un morceau de chocolat, d’essayer de changer à grands coups de volonté, mais de se mettre en marche, d’accepter d’être à l’écoute du Seigneur car lui seul sait ce qui est bon pour nous. Réveillons-nous et commençons par jeûner, c’est-à- dire, séparons-nous de ce qui nous encombre : excès en tous genres, relations toxiques, dépendance de l’alcool, la drogue, les écrans mais aussi la médisance … la liste n’est pas limitative ! Mais à quoi servirait le jeûne sans aumône, sans offrir son temps, l’argent ainsi libérés ? A quoi servirait l’aumône sans prier pour la personne, l’association à qui je viens de donner ? Alors le jeûne, l’aumône et la prière prendront tout le sens pour nous apprendre à aimer.
Je termine en laissant la parole au Bienheureux Charles de Foucauld   » Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu et qu’on vide complètement cette petite maison de son âme pour laisser toute la place à Dieu seul. C’est indispensable, c’est un temps de grâce,  c’est une période pour laquelle toute âme qui veut porter du fruit doit nécessairement passer. « 

 » Jésus fut tenté par Satan » Mc 1,12. De quel ordre sont les tentations de  Jésus ? La chronologie de l’évangile de Luc nous apporte une réponse : le chapitre 3 de Luc  se termine avec la fin du ministère de Jean Baptiste, son arrestation sa mort. Le chapitre 4 commence  » Jésus était dans le désert  conduit par l’Esprit, pendant 40 jours  et  il était tenté par le diable « . Après l’échec de la mission de  Jean-Baptiste, Comment ne pas être découragé ? Comment ne pas être effrayé par l’ampleur de la       mission présente et  à venir ?  Au cœur même du désert, Jésus est là, seul, seul avec Le Seul, en
proie à tous ses démons, et peut être celui de tout laisser tomber. Ces tentations là me parlent,  me rejoignent  dans mes difficultés, échecs, peines, séparations, divorce …etc…m’habitent lorsque l’horizon semble bouché, à quoi bon ! A quoi bon continuer ! Ce dimanche le livre de la genèse  nous rappelle que Dieu ne nous laisse jamais tomber,  Il est toujours là ! Il nous renouvelle sans cesse son alliance, sa confiance « oui, j’établis  mon alliance avec vous  » Gn 9,8. Cette main tendue  il me faut
 la prendre coûte que coûte. Comme Jésus il me faut prendre le temps d’aller au désert, de mettre
de coté  pour un instant tous les tracas du quotidien, avec le seul objectif  de rencontrer Celui
qui est venu pour nous   : Le Christ. Prions avec le cantique de Pierre (Magnificat p306) C’est pour nous que le Christ  a souffert ; Il  nous a marqué le chemin pour que  nous allions sur ses traces. Juste ça, juste ces 3 versets  » il  n’est pas d’autre imitation réussie du Fils de Dieu en effet que de devenir réellement enfants de Dieu « . Louis Bouyer Bon carême !
Jean-Pierre Ricome

Dans ce premier dimanche de carême la liturgie nous propose cette page de la tentation de Jésus. …Marc relit étroitement le baptême et la tentation. Jésus vient d’être baptisé et la première manifestation de l’Esprit qui vient de descendre sur Jésus est un coup de force. Il pousse Jésus au désert pour y affronter Satan, le prince des esprits impurs…Quarante jours…Durant quarante années la fidélité du peuple d’Israël  avait été mise à l’épreuve au désert…Ici Jésus est tenté par Satan qui personnifie toutes les forces du mal et de la mort. Le texte ne nous dit rien sur le contenu de la tentation. Mais une certitude : Jésus est vainqueur du mal. Deux images en grand contraste le disent fortement : Jésus était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient. Les bêtes sauvages évoquent ce qu’il y a de plus violent dans la création…Que Jésus puisse être en leur compagnie manifeste que cette violence est anéantie. Dans le premier testament, c’était le signe de la fin des temps…Ce jour, où Dieu viendrait exercer pleinement sa souveraineté sur la terre…La création serait totalement renouvelée dans la paix et l’harmonie…Souvenons-nous d’Isaie : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. 02 Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur 03 – qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. 04 Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. 05 La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins. 06 Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. 07 La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. 08 Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. 09 Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. »
Pour St Marc, ce temps d’harmonie universelle est déjà là avec la venue de Jésus victorieux des forces du mal au désert. Dans l’évangile de Marc, Satan ne tentera plus Jésus mais des hommes prendront le relais. Et sa lutte avec les pharisiens, avec leur manière tatillonne de vivre en alliance avec Dieu, tout au long de son ministère sera comme l’étalement douloureux de sa lutte au désert.
Les anges le servaient. L’image  témoigne de la réconciliation de l’univers entier. Au désert, l’univers de Dieu est au service de Jésus. En ne cédant pas à la tentation, Jésus exerce une préséance sur la création toute entière.
En articulant les récits du baptême et la tentation, Marc met en grande lumière le mystère de la personne de Jésus. Au baptême la voix du ciel atteste qu’il est Fils du Père à la manière du serviteur. Le récit de la tentation le montre vainqueur des forces de la mort, trait d’union entre ciel et terre. 
Baptême et tentation sont le porche d’entrée de l’Evangile.  Jésus Christ est source de vie en empruntant le chemin du serviteur.
L’aujourd’hui de la Parole…
-Le carême : un temps pour raviver la source du baptême en prenant à la suite de Jésus le chemin du serviteur, un chemin exigeant…
-Bien sûr, un temps dans l’amitié donné au Seigneur en lui donnant du temps dans la prière, dans une meilleure connaissance de son message mais aussi en laissant son message imprégner notre vie pour que nous soyons des témoins dans le monde d’aujourd’hui pas celui d’hier en un mot la chrétienté c’est un monde fini et qui a eu ses pages lumineuses mais aussi terriblement sombres……
Comment ? En aimant le monde où Dieu nous envoie…Je trouve que nous sommes bien souvent dans la dénonciation parfois virulente plutôt que de la proposition  d’alternative….
– En ayant le courage d’appeler mal ce qui est mal, mais avec un infini respect, une grande bonté, une grande espérance pour les personnes qui proposent un vivre ensemble avec des aspects que nous ne jugeons pas conforme à la manière de vivre des chrétiens…et là nous avons beaucoup à apprendre…

L’Évangile de saint Marc nous rappelle que Jésus est venu pour le salut de tous les hommes. S’il est conduit au désert ce n’est pas pour construire une arche de sauvetage ; c’est pour se préparer aux combats qui l’attendent au cœur de ce monde. Vivre le Carême, c’est suivre Jésus à travers le désert. C’est là, dans le silence, que nous pourrons écouter la voix de Dieu. La voix de Dieu, nous l’entendons en nous mettant à l’écoute de sa Parole. Notre pape François insiste beaucoup sur la nécessité de lire l’Évangile chaque jour. C’est là que nous trouvons les paroles de la Vie éternelle. Quand nous les lisons, c’est Jésus qui est là, c’est lui qui nous parle. C’est avec lui que nous pourrons être victorieux de toutes les forces du mal. Dans ce désert du Carême, nous ne sommes donc pas seuls. Jésus est là présent avec le Père et l’Esprit Saint. Comme pour Jésus, c’est le même Esprit Saint qui nous guide sur le chemin du Carême. Il nous aide à renoncer à Satan qui ne cesse de nous pousser au mal. Le Carême c’est d’abord un temps de libération. Le fil conducteur se trouve résumé en quelques mots : « Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche : Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » Annoncer la bonne nouvelle c’est dire que le règne de Dieu est en train de commencer. Le projet de Dieu est en train de se réaliser. Nous vivons dans un monde imprégné par l’indifférence, l’incroyance, la non foi. C’est pour ce monde que le Christ est venu. Acceptons d’être de ce monde malgré ce virus qui nous nargue. À travers notre vie et notre témoignage de foi, tous doivent pouvoir reconnaître que « le règne de Dieu s’est approché. » En ce jour, nous nous tournons vers la Vierge Marie qui a été un modèle de docilité à l’Esprit Saint. Qu’elle nous aide à nous laisser conduire par lui. C’est avec Jésus et avec Marie que nous sommes en route vers la victoire de Pâques.