Ce qui me parle dans cet évangile c’est la liberté de Jésus : il s’adresse autant au chef de la synagogue qu’à l’humble femme malade ; la liberté et la confiance de Jaïre qui brave le milieu juif où il est chef pour venir supplier Jésus ; la liberté et la confiance de la femme qui ose par derrière toucher le vêtement de Jésus et parle, effrayée par son audace. »Ne crains pas, crois seulement …ta foi t’a sauvée ». Jésus est pour eux, celui qui est capable de s’arrêter, de relever, de donner force, de faire vivre car « Dieu n’a pas fait la mort », comme le dit la première lecture.
Sur mon chemin de vie Jésus m’invite moi aussi à me tourner vers Lui, sûre de sa présence à mes côtés ; Il m’invite à me sentir libérée et debout : une grande richesse à partager. Cette présence, c’est important de la cultiver dans la prière personnelle et le silence, dans toutes les rencontres personnelles de notre quotidien, si riches d’humanité, parfois blessée, et dans la célébration de l’eucharistie qui nous rassemble en communauté.
Pour ce temps de vacances et de rencontres qui s’ouvre devant nous j’ai envie de partager quelques mots de la dernière chronique de Bruno Frappat dans La Croix. Il nous invite à « privilégier la tendresse et la beauté de la chose regardée », à « aider d’autres à vivre, à goûter du temps », à « partager la foi en cette incompréhensible espérance qui souffle dans nos cœurs ». Et que comme le chante le psaume : Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour Toi.
Ce récit se situe au début de l’évangile de Marc, chapitre 5, et Jésus apparait au cœur de sa mission, déjà pleinement impliqué, déjà connu et reconnu. Dans la foule rassemblée autour de lui, Jaïre, chef de synagogue, personnage réputé, dignitaire juif, n’hésite pas à tomber à ses pieds. Cet homme reconnait publiquement l’autorité de Jésus, sa puissance. Il lui fait confiance et demande pour sa fille, un geste salvateur, l’imposition des mains. Au cœur de cette même foule, une femme impure, exclue donc, anonyme en tout cas, n’hésite pas elle non plus à toucher la frange du vêtement de Jésus, espérant la guérison, sans même oser la demander. Dans les 2 situations, Jésus se fait proche, accueille, écoute, prends pitié. Dans les 2 situations, il est question de foi. Et Jésus accueille chaque personne là où elle en est dans sa foi, et il permet à chacun de grandir. Il dit à Jaïre : « Ne crains pas, crois seulement » et à la femme : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ». L’essentiel dans ces 2 épisodes, n’est peut-être pas dans le miracle (guérisons physiques de la femme et de la petite fille), mais sans doute dans la rencontre de Jésus avec chacune de ces personnes, une rencontre qui révèle la présence divine, une rencontre qui remet debout (« Talitha koum »), qui appelle à une nouvelle vie (« Va en paix »). Une rencontre qui restaure, qui répare.
Aller à la rencontre de Jésus, suppose de lui faire confiance, de reconnaître qu’il agit au nom de son Père, notre Père, suppose aussi de se tenir face à lui en vérité, à l’image de cette femme qui lui a dit toute la vérité. Seigneur Jésus, tu connais mon cœur, tu connais ma foi, tu connais aussi mes doutes. Je sais que tu me relèves, que tu m’accompagnes. Seigneur Jésus, ouvre mes yeux, mon cœur à ta rencontre, dans le quotidien de ma vie.
Lève-toi ! Dieu t’appelle à vivre ! Ouvre ton cœur à ses dons, à sa vie. Telle est l’invitation pressante du Christ à chacun, chacune d’entre nous. Croire, c’est prendre la main que Dieu nous tend, par Jésus, pour devenir des vivants, pour bâtir, avec lui, l’avenir de notre terre et marcher vers son Royaume, celui de l’homme debout dans sa gloire.
Défendre la vie, mettre l’homme debout, telle est bien la mission de l’Eglise, de chacun, chacune d’entre-nous. Mettre l’homme debout, c’est permettre aux handicapés, aux personnes âgées, aux plus démunis, aux étrangers qui vivent chez nous depuis de nombreuses années, d’être respectés dans leur dignité. Mettre l’homme debout c’est refuser l’humiliation de ceux et celles qui ne peuvent plus exercer leur droit au travail et gagner leur vie pour faire vivre leur famille. Mettre l’homme debout, c’est dire « non » à tous les pouvoirs corrompus, aux génocides…Tous, croyants ou non, au sein des mouvements d’action catholique ou d’organismes humanitaires, nous sommes appelés à dire à tout homme, surtout à ceux et celles qui sont découragés : « lève-toi et marche », et même si ton corps atteint par la maladie et tes jambes ne te portent plus, « lève-toi dans ton cœur, dans ta tête » et continue à te battre pour vivre. Après avoir mis la fillette debout, Jésus recommande de lui donner à manger. Beaucoup plus qu’un signe de délicatesse, l’évangéliste suggère ici que Jésus nous invite, au cours de chaque repas eucharistique, à recevoir: ce Pain de Vie, ce pain de Dieu, Nourriture pour notre Vie éternelle.
Seigneur Dieu que je prenne la main que tu me tends pour me mettre debout et vivre, car tu es l’Amour, tu aimes la vie ! Vivons dans la foi, vivons en aimant, vivons en espérant toujours. Alors nous serons heureux et nous trouverons en Dieu la vraie paix.