Je perçois aujourd’hui le sacrifice d’Isaac en résonance avec le don de Jésus. Abraham était prêt à sacrifier son fils, n’est ce pas sans rappeler le sacrifice de Jésus donné pour chacun de nous ? Saint Paul vient le mettre en lumière. « Il n’a pas épargné son propre fils, mais il l’a livré pour nous tous. » Le Seigneur demande à Abraham le sacrifice extrême mais il l’en délivre aussitôt. Demandons de rester dans la foi et la confiance, comme Abraham, jusque dans l’épreuve. Ayons foi en l’alliance de Jésus Christ, quelles que soient les circonstances. Acceptons de ne pas tout comprendre aujourd’hui, accueillons le mystère du plan de Dieu.
L’évangile, récit de la transfiguration, entre en résonance avec celui du baptême. Les paroles entendues sont les mêmes, et il y a ce signe du vêtement blanc. Signe d’une nouvelle naissance, en écho également avec la résurrection. Et comme les disciples nous pouvons nous demander : « que signifie cette résurrection d’entre les morts ? » Ce n’est sans doute pas l’heure pour nous de comprendre mais n’y a t il pas déjà en nos vies, des signes de cette résurrection ? Des signes du royaume ? Quand au cœur de l’épreuve un geste de fraternité apporte une étincelle de vie, source d’espérance, Quand une personne blessée se relève, trouve la force de rebondir, de pardonner même, Quand la joie revient dans un regard éteint, est-ce que ce ne sont pas des signes de résurrection ? Cherchons chaque jour en nos vies ces multiples petits signes, restons en éveil, dans la confiance. Et la joie de la résurrection surgira !
Jésus prend l’initiative d’emmener ses 3 amis les plus proches, sur une haute montagne, à l’écart du flot du monde, dans l’intériorité de la prière. Il vient de leur annoncer la nécessité de sa mort difficile, ce que Pierre a refusé d’entendre.
Pourquoi Jésus fait-il cela? Les « vêtements resplendissants d’une blancheur qu’on ne peut obtenir sur terre » évoquent la source de « lumière » en Dieu, existant avant la création de la lumière, le monde de la sainteté de Dieu. Les personnages Moïse et Elie ne vivent plus sur terre, ils sont dans le monde de Dieu, ils sont là, visibles, bien vivants. La nuée a guidé et protégé les Hébreux du péril de la traversée de la mer (le mal) et du désert, pendant l’Exode et ils sont passés de l’esclavage à la liberté. La nuée dit la présence et l’action du Père qui accompagne vers la libération. La voix « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le » clarifie le message du Père aux disciples.
Jésus montre ainsi à ses disciples qu’il est accompagné par son Père, qu’il vit de, et en sa présence. Par conséquent, ses disciples peuvent lui faire confiance et ne pas avoir peur de la traversée qui les attend avant que, Lui, Jésus, atteigne sa Résurrection, la nouvelle terre promise, la terre de liberté en Dieu.
Pour moi aujourd’hui? Je crois en Jésus Christ ressuscité et cela est la base de ma paix. Et, à la relecture, je peux dire que, étonnamment et discrètement, le Seigneur m’a préparée à certaines épreuves et missions de ma vie, Il m’a ouvert l’esprit progressivement à la fragilité de l’homme et à l’humilité, source d’accueil. Il a toujours veillé sur mon chemin qui cherche, bon an, mal an, à le rejoindre. Je crois qu’Il veillera encore jusqu’au bout, je lui fais la demande de me garder dans l’espérance.
Martine Vercambre
Le maître mot qui me paraît relier les textes proposés ce jour par la liturgie est le don : don total par amour. La lecture du livre de la genèse nous décrit l’histoire du sacrifice d’Abraham, Père des croyants, qui accepte de livrer son fils unique. Cet acte d’obéir par amour à Dieu parachève l’alliance conclue dès le départ d’Ur en Chaldée avec celui qui s’appelait à cette époque-là Abram. Le pacte d’alliance ne peut se concrétiser que par un don total. Ce texte est puissant et fort car il préfigure ce qui s’accomplira par la croix du Christ. Dieu se donne au travers de son fils pour sceller une alliance nouvelle. La loi, la promesse, l’alliance, le don du père, l’abandon du fils, le sacrifice, la relation père fils se retrouvent dans la croix qui n’est qu’une étape sur le chemin de la résurrection, tout comme pour Abraham qui selon la promesse « aura une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer. «
Dans la lettre aux Romains, St Paul rappelle » que Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous » et il ajoute : « pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? » Là encore, il est question de don total, mais suivi par l’annonce de la mort du Christ et de sa résurrection.
Le récit de la transfiguration est à la fois une annonce de la résurrection et une théophanie. Il révèle que Jésus accomplit tout l’Ancien Testament. A la résurrection, ce sont la loi reçue et transmise par Moïse et les prophètes représentés par Elie qui témoigneront de ce qui vient de s’accomplir.
Etre transfiguré c’est l’espérance d’être ressuscité comme le Christ, c’est l’état de vie de tous ceux qui ont reçu le sacrement du baptême et ainsi devenus prêtre, prophète et roi.
Toutefois, le disciple n’est pas au-dessus du maître… Que l’évangile reste notre boussole, qu’elle soit notre soutien dans nos moments de doute, d’épreuves, de souffrance. Que le Carême soit pour chacun un temps de ressourcement spirituel : lecture, méditation des textes sacrés, prière, attention portée à nos frères etc…
Le Mystère de la Mort-Résurrection de Jésus, renferme le plus beau témoignage d’amour qu’un être humain puisse donner. A « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », Jésus, sur la croix, répond « Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Sur la croix, Jésus, s’en remet totalement à son Père. La Mort du Christ est un don à l’humanité pour qu’elle puisse entrer en communion par lui avec Dieu notre Père à toutes et à tous. Jésus devient ainsi le seul chemin pour aller à Dieu. La Lettre aux Hébreux dira du Christ qu’il est le seul et l’unique médiateur pour faire le pont entre Dieu et l’humanité.
Laissons-nous inspirer par les paroles mêmes de Jésus en descendant de la montagne de la Transfiguration. Comme les disciples, je suis resté attaché à cette parole : « avant que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts ». La scène de la Transfiguration porte bien son nom. Elle nous invite à regarder au-delà de simples faits matériels de la vie de Jésus comme les racontent les évangélistes et à en découvrir le sens spirituel dans la lumière de la Résurrection. Merveilleux mystère que ce mystère de la Mort-Résurrection de Jésus, mystère pascal, qui est sans cesse présent dans toutes nos célébrations, dans toutes nos méditations et dans toutes nos actions. En effet, le parcours de notre vie dans le temps au fil des jours, des mois et des années est illuminé par la présence du Christ, Mort et Ressuscité, qui nous rejoint déjà alors que nous attendons son Retour dans la Gloire.
Rappelons-nous que toutes les morts si écrasantes qu’elles nous paraissent comme la perte d’un être cher, les difficultés au travail, les harcèlements de toutes sortes, les privations et les souffrances non désirées etc., que toutes ces formes de mort de même que notre vraie mort à la fin de notre parcours terrestre sont éclairées et imprégnées de la vie du Seigneur Mort-Ressuscité qui est toujours vivant, hier, aujourd’hui et demain.
Comme le dit saint Paul aux chrétiens de Corinthe « chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne ».