L’Avent? Qu’est-ce que j’attends exactement? Qui? Comment? Que dois-je faire? Que m’apportera le Messie promis?
« Une voix crie dans le désert »: désert de ma vie, à l’écart du flot de la vie courante. Là, je peux entendre un appel à une certaine conversion, à une autre Vie.
« Aplanissez les chemins du Seigneur »: Enlève-moi un maximum d’obstacles, d’idoles de ta vie, pour me faire un peu de place, pour que je puisse venir dialoguer avec toi, t’aimer et te guider.
Cette voix parle au fond de moi. Jean était cette voix qui criait haut et fort ce qu’il avait au cœur. Et il baptisait avec de l’eau traduisant en gestes mon désir de me convertir, d’être prêt pour accueillir le Messie, tant attendu.
Mais le Christ fait plus, Il vient à ma rencontre, Il me baptise dans l’Esprit Saint, il me remplit de sa présence, de sa paix, de sa joie, de sa force, de son intelligence des situations de sa présence transformante…pour que l’amour du Père advienne au monde, à travers moi. Si je sais l’attendre, et coopérer.
Merveilleuse la prise de conscience progressive de ce chemin vers le Père par le peuple juif, depuis l’Exode, la première Alliance, jusqu’au Christ et la Nouvelle Alliance, depuis une certaine recherche humaine de cette rencontre qu’il fallait mériter, jusqu’à un accueil du Seigneur. Mais rien n’est linéaire, Abraham était déjà dans l’accueil, et ma pomme passe continuellement à côté de l’accueil!
Martine Vercambre
« Mettez vous à genoux « , ce sont par ces mots que l’abbé Huvelin invite un jour d’octobre 1886 Charles de Foucault au confessionnal de l’église St Augustin à Paris. Jusqu’alors réfractaire à toute pratique religieuse, malgré une éducation catholique, l’officier de cavalerie, l’explorateur se trouve là dans la posture de pénitent contrit. Comment ne pas entendre Isaie 40,1 « Consolez, consolez mon peuple dit votre Dieu…….». La consolation et la conversion vont de pair, l’une entraine l’autre. C’est notre temps pénitentiel, le début, la base, « Pécheurs pardonnés, chantons la gloire de Dieu »
Jean-Pierre Ricome
Alors, «préparez le chemin du Seigneur » Marc 1, c’est ni plus ni moins que de lui faciliter la tâche, pour qu’il puisse entrer, se faufiler à travers notre épaisse cuirasse, où une toute petite brèche suffit ! Alors à l’invitation de l’abbé Huvelin à notre tour, Mettons nous à genoux. » La parole s’infiltre, elle ébranle nos cœurs « . Magnificat, hymne 2/12 p47.
« Commencement »
Un très beau nom pour nous donner à entendre l’annonce de la venue du Seigneur sur terre, le même qu’à la création. Marc ne parle pas de naissance merveilleuse, son « annonciation » est sous forme d’un commencement discret, d’une préparation lente, d’une naissance attendue.
Le Seigneur est attendu : il s’inscrit dans l’histoire d’un peuple « à la tête dure», les prophètes comme Isaïe, « crient dans le désert ».
Le Seigneur a besoin que sa venue soit attendue mais aussi que le chemin soit préparé. Cet improbable Jean, venu droit du désert, du plus profond du vide et du rejet, habillé comme le prophète Elie, c’est lui qui invite à changer pour « rendre droits les sentiers tordus ». Et il attire du monde « toute la Judée, tout Jérusalem »quel enthousiasme sans doute dans sa proclamation! On se croirait dans un film!
Or ce n’est pas sur Jean que la caméra va se fixer, mais sur ce qu’il dit: « voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi… » La Bonne Nouvelle avant d’être écrite a été Parole, c’est le sens du mot « proclamation », et cette Parole va prendre chair en Jésus, Dieu avec nous, c’est ce que nous fêtons à Noël.
« Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint », c’est sans doute une plongée dans l’Esprit de Dieu qui nous rend capables de créer du neuf, travailler à la sauvegarde de la création, entretenir les liens avec chacun, essayer de bâtir « une terre nouvelle où résidera la justice». Alors prenons le temps d’ « habiller notre cœur», comme le dit le Petit Prince « , et au milieu des déserts d’aujourd’hui osons annoncer cette Parole.
L’Evangile de ce dimanche est un Evangile « clef », un Evangile « charnière », le commencement de l’Evangile de Jésus, le commencement de la Bonne Nouvelle. Nous sommes à la charnière de l’Ancien Testament et du Nouveau, de l’Ancienne Alliance et de la Nouvelle. Cet Evangile commence avec une page des Ecritures, tirée du livre d’Isaïe. Une prophétie qui annonçait déjà la venue du Seigneur, et celle de son précurseur Jean le Baptiste. Jean le Baptiste, le dernier des prophètes, baptise avec de l’eau, Jésus-Christ baptisera dans l’Esprit-Saint. Jean le Baptiste proclame un baptême de conversion pour le pardon des péchés, avec Jésus nous découvrons un baptême qui vaincra le mal et la mort. Jésus, par son incarnation, ajoute à la dimension humaine des prophètes, le souffle de Vie de l’Esprit Saint. Cet Esprit qui met en relation, en relation avec Dieu le Père, en relation avec moi-même, en vérité, en relation avec mes frères et sœurs. Par mon baptême, j’entre dans cette page d’Evangile, et j’en deviens acteur. Par mon baptême, je trouve dans ma vie ce berger, qui fait paître son troupeau, rassemble les agneaux et les porte sur son cœur.
L’Avent est non seulement un temps d’attente, mais aussi un temps de mise en route. Parce que c’est en l’Autre que je trouverai le Christ, c’est vers l’Autre que je dois me tourner, c’est cet Autre que je dois accueillir. C’est dans la relation, nourrie de l’Esprit-saint, que germera une étincelle de divinité !
Saint Marc, au début de son évangile nous invite à nous ouvrir à la « Bonne Nouvelle » en mettant devant nos yeux le personnage de Jean-Baptiste. Jean-Baptiste est comme la voix qui crie dans le désert dont parlait le prophète Isaïe « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». C’est l’invitation qui nous est faite à nous « Préparez le chemin du Seigneur». Dans ce temps de l’Avent nous sommes invités à préparer la venue de la « Bonne Nouvelle » par un effort d’espérance. Cet effort peut se nourrir des textes des évangiles qui sont faits de paroles et de mots dans lesquels s’est transmise la «Bonne Nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu ». Est-ce que nous prenons la peine d’y revenir dans nos pensées et dans nos prières? Est-ce que ces paroles et ces mots viennent éclairer nos choix et nos décisions ? Est-ce que nous y trouvons réconfort et inspiration pour notre vie ? Les mots et les paroles des évangiles sont les mots et les paroles de la « Bonne Nouvelle » et celle-ci ne peut s’enfermer dans les mots et les paroles. Elle les déborde. Elle devient vie chez ceux et celles qui la reçoivent avec un cœur et une attitude d’attente et d’ouverture. La Bonne nouvelle répond à une espérance et à une attente inscrites dans notre cœur.
Le temps de l’Avent nous aidera cette année, j’en suis sûr, à progresser dans cet accueil personnel renouvelé de la « Bonne Nouvelle » que nous avons choisie comme chemin de vie. C’est un choix qui demande ouverture et écoute. Quand je lis l’évangile, je dois le faire avec un désir de lumière sur ma propre vie et aussi dans une démarche de vérité dans mon existence. Baptisés dans l’Esprit Saint, nous sommes entrés dans le chemin de la conversion qui, ainsi commencée, dure toujours et se continue tout au cours de notre existence. C’est avec nos frères et sœurs, disciples de Jésus, que nous nous retrouvons ensemble comme nous le faisons à chaque célébration Eucharistique pour écouter, méditer et mettre en pratique la Bonne Nouvelle qui éclaire nos vies.
» Commencement de l’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » Cette phrase résume le mystère de Jésus de Nazareth. Cet homme humainement Christ est également Fils de Dieu, c’est-à -dire Messie qui accomplit l’attente du peuple, réellement Fils de Dieu, Dieu lui-même. Cette Bonne Nouvelle doit être annoncée au peuple. Jésus donne sens à la vie et à la mort. Il ouvre de nouveaux horizons. Il renverse les valeurs. Il accomplit des miracles jusqu’à relever les morts ! Contrairement aux récits de Matthieu et de Luc, l’évangile de Marc ne commence pas par la naissance ou l’enfance de Jésus, mais par la prédication de Jean Baptiste. » Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » Au travers de la citation du prophète Isaïe, de l’envoi de Jean-Baptiste, Marc fait le lien entre la première alliance conclue avec son peuple et l’alliance définitive avec le Christ. Je soulignerai là l’importance du vêtement porté par Jean qui rappelle celui du prophète Elie ;
» Jean était vêtu de poil de chameau…… » De plus, Jean-Baptiste était présenté comme le successeur d’Elie, duquel on disait qu’il reviendrait en personne pour annoncer la venue du Seigneur. Pas étonnant qu’il y eut toute cette effervescence autour de Jean ! Elle manifeste combien cette attente était vive. C’est pourquoi, les foules accourent auprès de Jean qui lui ne se laisse pas griser par le succès ! Celui qu’il annonce est tellement plus grand que lui, » qu’il ne se juge pas digne de s’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. » Comme Elie, comme tous les prophètes, il prêche la conversion à tous ceux qui veulent changer de vie. Il propose un baptême de conversion. Il s’agit de se plonger, tout entier, dans l’eau pour purifier toute sa vie. Il précise, qu’entre son baptême et celui du Christ, il y a » un monde « ; » Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » Geste d’homme, concrétisation d’un désir d’une nouvelle vie ; geste du Christ, celui même de Dieu qui purifie le monde en envoyant son Esprit. La purification est l’œuvre de Dieu. Le cœur pur est celui de l’homme qui est tout entier tourné vers Dieu, qui a tourné le dos aux idoles.
Laissons-nous faire et accueillons le don de Dieu.