L’évangile nous montre Jésus, à Jérusalem, alors que les juifs vont célébrer la Pâque. Jésus est au temple où il chasse les vendeurs avec violence. Il fabrique un fouet avec des cordes, jette la monnaie, renverse les comptoirs. Pourtant, la présence des marchands était indispensable pour que le culte puisse exister. Jésus par cette colère attaque le culte lui-même, il renverse la religion. Ses propos sont aussi violents que son attitude.
Il invite à détruire le temple et s’engage à le reconstruire en 3 jours. Le temple était au cœur de la nation depuis 10 siècles. A chaque destruction, il avait été reconstruit. Et Jésus parle de le détruire. Qui peut comprendre ? Qu’est ce que Jésus voulait dire à ses contemporains ? Et que veut-il nous dire aujourd’hui ?
Le temple de Jésus, c’est son corps. Un peu comme s’il disait : »vous pouvez détruire le temple puisque je suis là ». Le temple, c’est le lieu de la présence de Dieu, c’est le lieu de la parole de Dieu, le lieu du culte rendu à Dieu. Jésus est tout cela. Mais les disciples n’ont compris cet événement qu’après la résurrection de Jésus. Jésus est ce Dieu incarné, ce Dieu unique dont il est question dans la 1ère lecture. Jésus, par son geste violent, renverse tout le fonctionnement de l’église.
« Vous faites de la maison de mon père une maison de commerce » Prier ce n’est pas marchander. Jésus ne veut pas qu’on défigure le visage de Dieu. Je ne prie pas pour qu’Il sache ce dont j’ai besoin mais parce qu’Il le sait déjà. Je ne prie pas pour qu’Il agisse mais parce que je sais qu’Il agit pour le meilleur. Je ne prie pas pour qu’Il soit avec moi mais parce qu’Il est avec moi.
La prière n’est pas un trafic avec Dieu, elle est un accueil de l’amour gratuit de Dieu.
La colère de Jésus dirigée vers les administrateurs du temple, vise aussi une religion basée sur l’exclusion. Le parvis du temple était réservé aux païens, les femmes se tenaient à bonne distance, il y avait ensuite la place des juifs et au cœur du temple celle du grand prêtre.
Et notre église aujourd’hui, est elle un lieu où les hommes se sentent reconnus ? Accueillis ? Pardonnés ? Aimés ? Notre prière est-elle une prière de trafic ? Comment réagirait Jésus s’il venait en personne au cœur de nos communautés aujourd’hui ?
Ces textes nous invitent à prier pour notre église, peuple de baptisés. Qu’elle soit attentive à ouvrir grand portes et fenêtres, pour laisser entrer la lumière de Dieu. Qu’elle soit accueillante, signe de la miséricorde et de la tendresse de Dieu.
Prier pour notre église, c’est prier pour notre conversion, c’est notre mission de baptisés, ne nous en lassons pas !
Au Sinaï Dieu donne les 10 paroles à Moïse pour poursuivre la libération de son peuple, non plus esclave des Egyptiens mais des idoles. Les deux tiers du texte concernent la relation à Dieu, base de tout. Il faut faire de la place à cette relation. (Rôle du Sabbat). Dieu est dit jaloux, il ne partage pas le cœur de l’homme avec les idoles, les 9 paroles qui suivent, balisent les fausses routes du comportement qui enferme.
L’homme peut faire l’expérience, en cherchant à suivre l’esprit de la Loi, d’un chemin de bonheur, doux comme le miel. Etre libre des idoles, de tout ce qui accapare le cœur de l’homme, permet de marcher librement dans la confiance en recevant la force de Dieu pour la redonner aux autres. Mais, pour moi, cette vie de liberté et d’amour avec Dieu n’est pas facile. On ne fait pas l’économie de la croix dans sa vie. Les Hébreux en ont fait l’expérience dans le désert. Dieu tient, en partie, la barre. Et moi, j’accueille, je collabore, mais je ne maitrise pas tout, je dois vivre dans la foi en suivant la Parole. Or, j’ai du mal à faire confiance au tout Autre dans l’incertitude, et je cherche à faire ma propre route, mon salut, parfois sans Dieu. C’est, pour moi le péché.
Jésus, fut pleinement, parfaitement relié à son Père par amour. La colère le prend quand il voit que le Temple, lieu de rencontre entre son Père et son peuple, est détourné de sa mission. Les hommes pensent entrer en relation avec Dieu en immolant des bêtes mais ils s’enferrent en permettant le commerce sur le parvis du Temple. Ils s’éloignent de Dieu tout en gardant des rites qui les sécurisent. Dieu ne veut pas de commerce avec lui. Il désire travailler avec moi pour donner la Vie.
Par ailleurs, en faisant un fouet, arme interdite dans le Temple, en chassant les marchands du Temple, (cf Zacharie), en parlant de la maison de son Père, en affirmant qu’il pourrait relever le Temple détruit en 3 jours (=intervention de Dieu), Jésus dit clairement qu’il est le Messie attendu pour libérer le peuple.
Pour moi aujourd’hui : Oui, les bonnes lois libèrent l’homme de tout remettre en question à chaque instant. Elles permettent la vie en société. Les 10 Paroles données à Moïse sont un début sur le chemin du Royaume, cette vie d’amour reçue du Père pour la donner au prochain. Jésus incarna ce comportement à la perfection. C’est cela qui m’a fait choisir une alliance avec Lui.
Je veux croire en sa Parole, c’est pour moi, source de paix douce comme le miel.
Martine Vercambre
Dans ce passage d’évangile, ce n’est pas la colère de Dieu qui est centrale mais bien la destruction du temple, maison de Dieu pour les Hébreux. En réalité, Jésus parle du sanctuaire de son corps en nous introduisant dans le mystère de sa mort et de sa résurrection. » Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » En ce temps de carême écoutons le prophète Jérémie qui vivait à l’époque de la destruction du Temple. Il disait qu’il y a un temps pour détruire et un temps pour construire. A la lecture des textes proposés ce jour par la liturgie, le chrétien est invité à s’interroger sur l’état de » sa maison intérieure « .
Un temps pour détruire (quelques pistes)
– Notre orgueil : mourir à soi-même, donner à Dieu la première place » Tu n’auras pas d’autres Dieux en face de moi. » dans le livre de l’Exode.
-Notre égoïsme : dans les 10 commandements » Honore ton père et ta mère….Tu ne commettras pas de vol…Tu ne porteras pas de faux témoignage…… »
– Nos idoles…… Entre autre l’argent » Cessez de faire de la Maison de mon Père une maison de commerce. »
La puissance et le pouvoir : St Paul écrit dans la première lettre aux Corinthiens » Ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes. » et » La faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. »
Un temps pour construire
– Le corps du Christ qui est l’Eglise : Nous en sommes les pierres vivantes et le Christ, la pierre d’angle. Ce temps de carême est un temps privilégié pour rechercher l’unité, vivre la fraternité, faire taire nos ressentiments, nos critiques, nos jugements…être aux yeux du monde le reflet du visage du Christ de justice et de paix
– Le corps du Christ eucharistique : Retrouvons le goût de l’eucharistie; Par le don de sa vie, le Christ devient nourriture de vie éternelle et nous devenons temple de Dieu en recevant l’hostie consacrée.
– Le corps du Christ Parole de Dieu : Approfondissons les écritures. Les Hébreux en exil ont découvert que le Temple de la rencontre n’existait plus et qu’il était vivant dans les écritures.
Remettons notre vie à notre Père tendre et miséricordieux, lui seul sait ce qui est bon pour nous.
L’insinuation, « détruisez ce sanctuaire et en 3 jours je le relèverai « , la colère, « il prit un fouet avec des cordes et les chassa … » Jean 2,13. Tout y est. Qu’ils soient juifs, grecs, ou autres tout y est pour faire l’unanimité : dehors et vite ! Et demain à mort, crucifiez-le ! Jésus fait l’unanimité contre lui. Et pourtant comment faire autrement, quand on traficote sur le parvis et en plus au nom de Dieu !
Alors pas besoin de longs discours, un seul remède, un grand coup de pied, c’est le meilleur service à rendre. Mais n’en restons pas à cette petite profanation, il y en a de bien pires aujourd’hui ! En tant que baptisé dans le Christ qu’est ce que la colère de Jésus vient me dire ? Paul nous éclaire : « les juifs demandent des signes, les grecs recherchent la sagesse » 1Co 1,22. Des 2 cotés l’exigence est en fin de compte la même, on recherche des sécurités humaines, des exigences préalables, des conditions posées, des garanties, à l’acceptation de la foi (notes tob). « Mais nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens. » Au 1er abord la prédication de la croix est le contraire de ce que les hommes attendent, une occasion de chute (note tob). La croix c’est l’échec même. » Mais pour ceux qui sont appelés, il est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu… « . La croix apparait autrement, elle apparait comme la réalisation suprême : le dépassement de soi. Et pour qu’il n’y ait plus d’équivoques, Jésus vient nous dire : » si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive « …Luc 9,23. Oui la colère de Jésus, c’est de nous voir pinailler sur des détails sans importance, des petits signes, et en même temps de passer à coté de l’essentiel : l’Unique Signe, le Signe Suprême : Sa Croix, sa Mort et sa Résurrection par Amour .
La colère du Christ c’est déjà sa souffrance. Prions : Prions avec le cantique aux Philippiens (Magnificat p114) , bible Ph2,6 , Google cantique aux Philippiens .
Bonne continuation de carême.
Jean-Pierre Ricome
La Parole de Dieu est parfaite, elle te redonne vie, te rend vital. La charte du Seigneur, son Evangile, est sûre. Si tu es humble, simple, elle te rend sage, d’une sagesse supérieure. Elle réjouit le cœur, clarifie le regard. Alors mettons-nous à l’écoute…laissons parler à notre intelligence et à notre coeur ce vieux texte de l’exode.
Pour les vieux chrétiens dont je fais parti la plus grande bêtise, la plus grande méprise a bien été de rabaisser ce texte de l’exode au niveau d’un code. Ce mot commandement n’a pas toujours ce sens législatif, répressif dont nous l’avons affecté. L’expression « les dix commandements » est moins heureuse que les dix paroles, ou encore décalogue. Dix paroles libératrices, toutes sous ce grand leitmotiv qui donne l’orientation d’ensemble : Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage. En d’autres mots : puisque je t’ai libéré, veille à ne pas retomber dans l’esclavage, ni à diminuer la liberté des autres. Voilà des balises pour ta route…
Tu n’auras pas d’autres dieux que moi : Ils s’appellent l’argent, l’orgueil, le pouvoir.Ces dieux ne peuvent te libérer, comme je l’ai fait au contraire t’asservissent. Ces idoles et les autres où en sommes-nous ? Prenons le temps de nous demander ce qui est plus important que Dieu dans notre vie concrète…
Tu n’invoqueras pas le Seigneur ton Dieu pour le mal : ne cherche pas à manipuler Dieu. Le texte pense magie, sorcellerie. Nous, plus subtilement, nous voulons forcer Dieu à entrer dans nos vues. Ne vous est-il jamais arrivé de penser : Si Dieu pensait comme moi, ce serait mieux ! C’est tous ces domaines de ma vie que que je soustrais à la lumière évangélique.
Et pour toujours te rappeler ta libération, tu feras du sabbat, non une obligation de plus, mais le jour où tu fêtes ta liberté d’enfant de Dieu. Et toi que Dieu libère, respecte la liberté des autres.
Honore ton père et ta mère. Pas pour avoir longue vie sur la terre que te donne Dieu mais pour que ton pays, ta société, ta famille soient stables, paisibles grâce à la maîtrise du conflit des générations.
Respecte ta femme et celle des autres : pas d’adultère. Respecte la vie des autres : pas de meurtre. Respecte le bien des autres : pas de vol. Respecte leur réputation, surtout s’ils sont accusés et ne peuvent se défendre : pas de faux témoignage. Interdis-toi jusqu’à la convoitise de ce qui ne t’appartient pas.
Respecter c’est ne pas faire de soi un Dieu…C’est laisser à l’autre de l’espace pour qu’il soit…
Les dix commandement, une charte de liberté. Assez haute pour que Jésus la rappelle au riche, venu le consulter sur ce qu’il fallait faire afin d’avoir la vie éternelle. Charte que Jésus viendra parfaire en nous demandant de la mettre en œuvre avec amour… sans l’affadir ou la dévoyer, sans nous en servir pour accabler le frère ou la sœur qui se débat dans des situations de péché…
Frères et sœurs, remercions le Seigneur de nous avoir donner à connaître les 10 Paroles. Et d’avoir reconnu le bien qu’elles nous font, elles nous humanisent elles font de chacune, chacun une belle personne comme nous disons…Estimons-la, méditons-la, gardons-la dans ton cœur. Elle nous sera plus précieuse qu’une masse d’or fin, plus savoureuse que le miel qui coule des rayons.
J.Chanut