En première lecture ce passage de l’Évangile de St Matthieu me gène… Je n’y retrouve pas la grande miséricorde du Seigneur face aux insouciantes et je sais qu’il m’arrive bien souvent de leur ressembler ! …
Sans doute faut-il se demander pourquoi l’époux ne connaît pas ces jeunes filles qui étaient invitées mais qui arrivent après coup …. Elles n’avaient pas porté l’attention nécessaire à cette rencontre, l’huile a manqué… Les prévoyantes ont pu dormir paisibles, elles ont de l’huile, elles ne manqueront pas la rencontre à n’importe quelle heure… Cette huile dans notre vie de chrétien je pense que c’est notre conscience. Tout au long de notre vie, dans nos pensées, nos actes, nos rencontres, nos réactions nous avons des choix à faire, en chrétien on ne doit pas choisir n’importe quoi et ce n’est pas facile … Demandons à l’Esprit Saint de nous aider à ne pas oublier que nous disons chaque jour au Seigneur « que ta volonté soit faite. »
J’aime bien ces jeunes insouciantes, pleines de bonnes intentions, c’est l’image de notre jeunesse actuelle généreuse et volontaire, par contre j’apprécie moins ces jeunes prévoyantes et avisées, avec leur petite réserve d’huile qu’elles ne sont pas prêtes à partager. »Allez plutôt chez les marchands en acheter » Mt25, 9, ce n’est pas très sympa ! Mais attention ne nous laissons pas manipuler par notre propre affect. Dépassons-le!
Aujourd’hui la 1ère lecture nous parle de la sagesse « perfectionnement du discernement » Sg 6,15.
Prions-le avec ardeur pour mieux comprendre les subtilités de notre temps, de nos frères et sœurs.
Car aujourd’hui le Christ vient nous dire la bonne volonté, les bonnes intentions ça ne suffit pas, il te faut de la rigueur, de la persévérance, de l’organisation pour veiller en continu.
« L’enthousiasme, conçu comme une ferveur, est une force positive, mais qui n’est pas suffisante.
C’est une force qui s’épuise et s’évanouit si elle ne communique pas son élan à une autre force, plus
souterraine et moins sensible, qui doit nous faire cheminer notre vie durant. Assurer la continuité est indispensable, car les enthousiasmes sont entrecoupés de temps morts, de déserts arides.
Ainsi en va-t-il de la régularité dans la prière. Le jour venu, cette régularité et cette continuité serviront de point d’appui pour reprendre élan. « frère Roger, dynamique du provisoire ».
Jean-Pierre Ricome
Cet évangile est, pour moi, difficile à comprendre et à accepter.
Si je suis insouciante, et je le suis en partie, lors de l’attente du Seigneur dans ma vie, un jour, il sera trop tard pour être accueillie par lui, pour partir avec lui dans le Royaume des Cieux.
Il me faut veiller, prévoir une lampe et de l’huile en réserve, car l’attente est longue. Qu’est-ce que cela signifie? Visiblement il faut que ma lampe brûle à partir de l’huile que j’ai prévue. Faudrait-il que je brûle d’amour pour Lui en faisant sa volonté?
Et que représente la lampe, le contenant où brûle l’huile-amour? Est-ce le support de ma relation à Dieu: ma recherche de Dieu? Mes actions envers mes frères? Mes actes envers Dieu par les prières, les rites…?
Oui je peux attendre le Seigneur sans l’attendre vraiment avec amour, sans faire entièrement sa volonté, et je le fais chaque jour…mon amour pour Lui et mes frères est bien imparfait, tiède, et ma lampe s’éteindrait peut-être dans cette histoire…
Mais par ailleurs, j’ai chevillé au corps la certitude que le Seigneur veille sur moi et qu’il m’aide à avoir de l’huile-amour en réserve. Si je n’ai pas confiance en moi, j’ai confiance en Lui! Qu’Il m’entraîne, Il est venu pour les pécheurs.
Cette parabole fait aussi naître en moi une réflexion plus éloignée du texte: A force de faire du mal (manque d’amour), il devient difficile voire impossible de revenir au bien, il est trop tard.
La sagesse dans la 1ère lecture, Dieu dans le psaume, Jésus dans la lettre de St Paul et l’époux de l’Evangile ne sont-ils pas tous une seule et même personne ? Tous ces textes mettent en relief la tendresse de notre Seigneur, sa patience, sa présence sans faille. Le seigneur se laisse trouver, il se fait connaitre le premier, il est assis à la porte de mon cœur, il vient à ma rencontre. Sans lui je suis comme une terre aride, avec lui vient la joie.
Ces textes nous rappellent aussi l’importance de rester en éveil. Ne nous égarons pas avec mille choses futiles, revenons à l’essentiel. Goûtons à la présence du Seigneur à chaque instant. Ce 2e confinement fait signe à nouveau dans nos vies. Rester en éveil, c’est aussi, plus que jamais, rester attentif et sensible à l’autre. Le confinement est source de solitude, de détresse, d’angoisse. A chacun de trouver les moyens pour être à l’écoute malgré les distances imposées.
Que la prière et la méditation de la parole de Dieu nous rassemblent en une même communion fraternelle.
Sage ou tête en l’air ? quel disciple sommes-nous…
C’est un avertissement très fort que Jésus nous adresse : « Veillez
donc car vous ne savez pas ni le jour ni l’heure. »Pas un avertissement
pour nous faire peur mais un appel à être disponible pour accueillir
le Seigneur.Comme chacun sait, une rencontre,ça se prépare. Celui que
nous attendons, c’est notre Sauveur. Il nous faut être prêts à le
recevoir. Cela suppose une disponibilité de tous les jours et ce n’est
pas facile.
C’est vrai, il nous arrive de nous laisser gagner par le sommeil.
L’usure du temps, la fatigue, la routine, la souffrance endorment
notre vigilance. Nous installons dans l’insouciance et nous oublions
le Seigneur… Pour entrer, Il ne suffit pas d’être invités, il faut
surtout être prêts.
Les sages, les prévoyants, les avisés, ce sont celles et ceux et qui
ont choisi de s’installer dans la fidélité. Ils s’en sont donnés les
moyens. Ils se sont donné des temps réguliers de prière. Ils se sont
nourris de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie. Ils ont compris
qu’un feu qui n’est pas alimenté s’éteint vite et que la réserve
d’huile s’épuise vite.
Peut-être sommes nous surpris par la dureté de la réponse de Jésus à
celles qui arrivent en retard. Je remarque qu’elles courent dans tous
les sens acheter de l’huile. Elles auraient pu suivre le cortège
partageant la lumière des sages reconnaissant humblement qu’elles ont
été tête en l’air. Peut-être qu’elles ont eu peur du Seigneur et que
plus tôt que de se présenter telles quelles sont, elles courent
partout trouver de l’huile pour être en règle, pour être comme tout le
monde.
A la tête en l’air que je suis le Seigneur donne la sagesse
Nous marchons vers des noces et non vers le néant. Oui, Dieu nous invite à des noces. Dieu veut faire une alliance remplie de tendresse avec l’humanité. Mais ce n’est pas chaque jour que nous ressentons la joie des noces. Il est même des jours où nous avons l’impression que Dieu est absent, que nos prières se heurtent à son silence. Et puis, il y a le scandale du mal qui peut nous atteindre personnellement à travers la maladie, ou à travers la souffrance et la mort de nos proches. Il y a tant de misères et de cruautés dans notre monde qu’on en vient à s’interroger sur la bonté du créateur. Quand nous réalisons que nous nous laissons gagner par le découragement, il est urgent de réagir et c’est là que nous avons besoin de nos réserves d’huile. Avec le danger de se laisser aller. Nous ne pouvons pas toujours être en forme. Viennent la fatigue et la monotonie du quotidien… Mais même dans notre nuit, une petite flamme continue à briller, c’est la flamme de l’amour. « Je dors, mais mon cœur veille » dit la fiancée du cantique des cantiques. « Je me tiens à la porte et je frappe » répond Jésus. Oui, c’est à tout moment que le Seigneur vient, qu’il désire nous rencontrer : à travers un événement, un témoignage, un visage… Mais nous, désirons-nous vraiment le rencontrer, le connaître. Regarde Seigneur ma petite lampe allumée et ma petite provision d’huile. Je vais essayer de faire remonter le niveau d’huile dans ma lampe de la prière, dans ma lampe du service fraternel, dans ma lampe de l’écoute de la Parole de Dieu. Comment reconnaître Jésus, quand il me fait signe, si je ne le connais pas, si je ne contemple pas son visage ? Au soir de notre vie, il nous sera seulement demandé : « Qu’as-tu fait de ce cœur que je t’avais donné pour aider tes frères à vivre ? » Que se creuse en nous le désir de la grande rencontre avec ce Dieu que je verrai enfin face à face. Il apaisera dans sa miséricorde toutes mes insatisfactions, toutes les blessures de ma vie. C’est aujourd’hui que Jésus vient. Ne passons pas à côté de la rencontre qu’il nous propose. Le Christ n’est pas visible, mais nos frères le sont : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger. » Voilà, déjà, le banquet des noces.
Avec la Toussaint qui tombait un dimanche, on passe du 30ème au 32ème dimanche du temps ordinaire. Ce temps touche d’ailleurs à sa fin et ça se voit avec l’Evangile et la lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens qui nous parlent du retour du Christ et du Jugement Dernier. Le Livre de la Sagesse, écrit quelques dizaines d’années avant Jésus-Christ, et le psaume nous invitent à accueillir Dieu et à veiller, en écho aux vierges qui attendent dans la nuit la venue de l’Époux.
Ces vierges folles nous sont aussi sympathiques que la cigale face à la fourmi qui n’est pas prêteuse, selon Jean de la Fontaine ! Pourquoi ce refus d’aider son prochain ? Pourquoi envoyer ces pauvres filles au milieu de la nuit acheter de l’huile dans des boutiques qui doivent être fermées ? Bien sûr, il n’y avait pas de couvre-feu à cette époque, mais quand même, les vierges sages ne nous paraissent ni raisonnables ni charitables.
Alors comme souvent quand on ne comprend pas un texte, qu’on n’est pas d’accord avec le message qu’il porte, il faut le relire, en explorer tous les sens et les renvois, au besoin en s’aidant de la première lecture qui, en temps ordinaire, annonce et éclaire l’Evangile.
Et la première lecture nous dit que la Sagesse, l’huile des vierges appelées à être sages, se laisse trouver par ceux qui la cherchent, assise à la porte. Donc, il n’est pas besoin d’aller bien loin en acheter, elle est donnée à chacune et chacun de nous, à notre portée. On peut aussi y voir l’huile du baptême, de l’ordination des prêtres, des malades, qui nous consacre et nous réconforte individuellement, en fait l’Esprit Saint lui-même que Jésus promet à quiconque le demande. On comprend alors que nous ne puissions partager cette huile puisqu’elle est donnée à titre personnel, en fonction et en proportion de notre demande et de notre désir.
Avons-nous vraiment en nous ce désir de Dieu, le désir de l’attendre et de l’accueillir dans notre cœur ? Si nous l’avons, si nous l’entretenons, et c’est le sens de cette parabole, livré en conclusion, quand bien même nous nous serions endormis, à notre réveil nous serons prêts, comme si nous avions veillé toute la nuit, et le Seigneur entrera chez nous aujourd’hui comme à l’heure de notre mort.
L’heure de notre mort, Saint Paul en parle dans la deuxième lecture, avec une perspective extraordinaire et surréaliste pour celles et ceux qui assisteront au retour du Christ à la fin des temps : « nous, les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel. » Ainsi, nous pourrions ne pas connaître la mort si nous sommes vivants au moment où le Christ reviendra dans la gloire ! C’est ce que je croyais enfant, et après tout pourquoi pas ? Même si les événements de la fin du Monde sont effrayants, nous aimerions être présents à ce moment, annoncé tout proche par certains, à notre époque comme à bien d’autres, notamment lorsque Saint Paul s’adressait aux Thessaloniciens.
Par l’annonce de la résurrection du Christ, l’apôtre Paul nous donne surtout une raison d’espérer. L’Espérance, cette petite fille dont parle Charles Péguy, est certainement ce qui manque le plus à nos cœurs aujourd’hui, surtout en cette période qui affecte nos relations humaines. Prions pour que nous puissions la garder intacte dans nos lampes à huile, qui sont autant d’étincelles divines uniques et irremplaçables pour éclairer, réchauffer, éveiller la vie.